Le domaine des Lauriers à lormont, quatre siècles d'histoire

Par Mariette Sintive publié dans l'Echos du Mons Laurens n°77

Propriétaires et désignations du domaine jusqu'au XVIIIème siècle

Ancienne possession des Archevêques de Bordeaux, le domaine - que nous nommerons pour plus de clarté « des Lauriers » - se trouvait, au Moyen Age, près de la place des Justices au nom évocateur. En ce lieu, qui sera par la suite connu comme le lieu-dit "Croix Rouge", se dressaient les potences attendant d'exécuter la sentence des seigneurs du lieu.
Les premières évocations de la propriété la font apparaître en 1530 sous l'appellation d'Israël. Un hommage aurait été rendu pour la maison Disrael (d'Israël), à l'emplacement actuel du château des Lauriers.

Au siècle suivant,au terrier de 1611-1619 figure un compte important au nom de Martin d'Israël, procureur à la cour du parlement de Bordeaux. Ses possessions étaient situées près du château Lacroix et englobaient certainement Les Lauriers, parmi de vastes terres agricoles.
Le plus ancien document officiel, nommant les propriétaires du domaine, ne remonte qu'à l'année 1684. Il s'agit d'un acte établi par Maître Bonnet, notaire à Bordeaux, précisant que Mademoiselle Delegier, héritière générale et universelle du sieur Jean-Alphonse Delegier, abbé de Caignotte,entrait en possession, par testament du 24 janvier 1684, d'un vaste domaine "Au Tressan" dont faisait partie la propriété des Lauriers.

Le 13 avril 1720, Melle Delegier cédait le domaine au Sieur Raimond de Gombaud, chevalier de l'ordre de Saint Lazare, ancien premier Jurat gentilhomme de Bordeaux. A la mort de ce dernier, en 1726, les Lauriers reviennent à son fils l'abbé Antoine-Alexandre Gombaud. Le domaine devient ainsi fief de la fabrique (biens ecclésiastiques), donc de l'église Saint Martin, et reste attaché à la ferme du Grand Tressan.
Le détail des biens de cette propriété, nous donne une idée générale de ce que pouvait être l'environnement rural de Lormont à cette époque. En 1757, elle comprenait : une maison pour le maître, une chapelle, le logement des valets, une grange et autres bâtiments agricoles, un jardin avec fontaine, des vignobles, des terres labourables, un bois de haute futaie, des taillis, des prés, des emblavures… ainsi que bestiaux, charrettes, outils aratoires et de jardinage.
Ce descriptif est tiré de l'acte de vente du domaine, le 23 novembre 1757, par devant Maître Faugas, notaire de Bordeaux, à Pierre Peyronnet, bourgeois gentilhomme et négociant de la ville de Bordeaux. Il est bien regrettable que la partie concernant Les Lauriers ne nous soit pas parvenue.Du passage de M. Peyronnet sur ces terres, nous gardons quelques traces. Les archives rappellent la construction d'une chapelle domestique pour la veuve Peyronnet, vers 1771. Elle se situait certainement près de l'ancienne maison, transformée en demeure de plan en U pour la famille Peyronnet. Si la carte de Belleyme en 1760 signalait encore le nom de Rihael (d'Israël) pour désigner le domaine, le cadastre de 1820 fait désormais mention de la propriété Portail de Fer, peut être ainsi nommée en raison du très beau portail en fer forgé, aujourd'hui disparu, qui la fermait. Cette évolution administrative n'empêcha pas ses futurs propriétaires de continuer à utiliser sa première appellation.