Histoire et typologie des pigeonniers (3/4)

Classement typologique des pigeonniers

A l'origine, le classement typologique des pigeonniers se fait en fonction du droit attaché à chacun d'eux :

Colombier à pied (fuyes ou fuies en Guyenne) : tour ronde maçonnée dès le sol, apanage des seigneurs hauts justiciers selon le ressort du parlement de Bordeaux. Le premier étage est réservé aux pigeons, le rez-de-chaussée carrelé pour remiser le blé. Parfois les boulins sont disposés jusqu'au sol.

Colombier sur arcades : bâtis par les bourgeois ou roturiers aisés suivant leur importance après autorisation seigneuriale. Dans la première moitié du XVIIIe siècle on voit se développer les colombiers sur arcades.

Pigeonnier de roture : sur colonnes, plus humble avec volière dans certaine région. Les pigeonniers de roture sont rares en Gironde.

Pigeonnier porche : plus rare, à l'entrée des grandes fermes.

Bordes gasconnes : pigeonniers de roturiers. Pour éviter la contestation seigneuriale ils sont bâtis en  façade au dessus du balet et sont aussi appelé pigeonnière. Souvent construits en torchis et colombages à l'étage, les hommes et le bétail se retrouvent en bas.


Suivant l’implantation, on peut distinguer trois groupes :

Pigeonniers indépendants : base circulaire, base carrée (ou rectangulaire, ou polygonale), rez-de-chaussée ouvert (pigeonnier monté sur piliers ou sur arcades)

Pigeonniers intégrés à une habitation ou à un ensemble de bâtiments : échauguettes, pignons, tourelles, belvédères, bolets, porches

Pigeonniers troglodytiques


On prend ensuite en compte la forme du toit et la nature de la couverture :

Toit : conique, dôme, campaniforme, pyramidal, pied de mulet

Couverture : lauzes, tuiles plates, tuiles romanes, tuiles mécaniques


Les boulins constituent les unités d'habitation dont il existe plusieurs types :

Nids d'osier ou paniers : demi-sphères en branches de ronces tressées, recouvertes de paille de seigle, accrochées au mur par clouage ou chevillage dans les pigeonniers en colombages. Ils sont disposés en quinconce (pour les déjections) et le renouvellement est fréquent.

Nids de poterie : ils sont diversifiés, formés de tuiles canal associées ou de pots couchés et superposés. Les cases utilisent tout l'espace avec une disposition en succession d'étages, ce type de cloisonnement est efficace avec parfois un petit balcon.

Nids de torchis : une armature de bambous est noyée dans de la paille et du mortier ce qui permet de faire une dizaine de cases égales.

Boulins conçus dès la construction, plus durables, pour les pigeonniers tours.

Cases de briques : pour les propriétaires les plus aisés.


En parallèle du classement selon le droit attaché à chacun d'eux, les pigeonniers sont classés par typologie :

Pigeonnier gariotte : le plus simple, proche de la cabane en pierre servant d'abri au berger sur le causse. Sorte de coupole de pierres servant aussi pour d'autres bâtisses (puits, fours…). En pierre sèche en encorbellements successifs de pierres prises sur place. Nombreuses plages d'envol sur les calottes de pierre avec trous d'accès ouverts dans le haut des murs ou dans une lucarne sur la pente du toit. Souvent aux abords de petites vignes pour il a une double fonction : pigeonnier et abri.

Pigeonnier tourelle, pigeonnier balet (balcon en langue d'oc): de plan carré et petites dimensions mais haut. Situé au centre des façades, dans un angle ou sur le volume au dessus des toitures. La pente raide du toit est adoucie vers le bas par un coyau (pièce bois prolongeant le chevron au delà du mur). La randière (corniche formant un bandeau de pierre) permet de se poser avant l'envol, de se promener et d'arrêter les rongeurs. La toiture domine généralement la terrasse en la couvrant par une charpente.

Pigeonnier porche : dans les fermes importantes, à l'entrée dans le mur d'enceinte il domine l'ensemble. On retrouve une volière au premier étage, une toiture à quatre pentes assez pointues et trois lucarnes comme plages d'envol.

Pigeonnier grenier : dans de petites maisons, généralement en pierre, avec les trous d'envol situés dans le mur pignon ou l'angle de la façade. Ils sont arrondis au sommet avec une pierre monolithe. L'ensemble est encadré d'une randière.

Pigeonnier tour : à l'écart des habitations, de marque seigneuriale. Ils sont ronds pour les anciens avec des trous d'envol dans la calotte de la coupole. Ils sont parfois carrés avec un toit à quatre pentes et un lanterneau. L'épi est sculpté et les arêtiers sont terminés avec un boudin de mortier lisse.

 

Pigeonnier sur arcades : les arcades sont contrebutées par quatre piliers de support. La voûte d'arêtes concentre la force sur les piliers et sert de support au plancher du premier étage. La toiture est pyramidale avec ou sans clocheton et lanternon. On observe jusqu'à quatre rebords de défense, deux ou trois rangs de randières servant de promenoir ou plage d'envol. Une corniche supplémentaire au passage du pilier à la naissance de l'arcade défend des prédateurs. Ils sont éloignés des fermes et habitations et servent aussi de tours de guet.

Pigeonnier sur piliers et colonnes : ils sont quadrangulaires ou hexagonales. Ils sont perchés sur des colonnes de pierre avec des chapiteaux renversés et creusés sur la face inférieure. C'est ce qu'on appelle une capel qui a le même rôle que la randière contre les rongeurs. Les piliers maçonnés sont rares. La volière réalisée par une charpente en colombage est contreventée sur chaque face. Les murs sont enduits d'un mortier de chaux grasse, lissé à la truelle pour l'étanchéité. Entre le clocheton et la toiture principale on trouve les ronds percés pour servir de plage d'envol.

Pigeonnier "pied de mulet" : forme du Languedoc. La toiture ressemble de profil à un pied de mulet, elle est formée de gradins en tuiles canal. L'avantage est qu'elle protège les ramiers des vents dominants sur trois côtés. La pente du toit est interrompue par un ressaut où sont ouverts les trous d'envol percés dans une planche en bois. La randière de carreaux vernissés, fonctionnelle et décorative, ceinture le pigeonnier avec sa face inférieure creusée.

 

Pigeonniers de Gironde