Histoire et typologie des pigeonniers (2/4)

Architecture des pigeonniers

Le terme pigeonnier est couramment utilisé pour désigner une construction destinée à abriter des pigeons. Le terme colombier est plus réservé à un bâtiment isolé en forme de tour. Selon Viollet-le-Duc il s'agit d'un "bâtiment destiné à contenir des troupes de pigeons et à leur permettre de pondre et de couver leurs œufs à l'abri des intempéries." On les trouve avec une édification mûrement réfléchie dans les châteaux, abbayes, manoirs, gentilhommières, prieurés, fermes des abbés dès le Moyen Age.

Schéma d'un colombier tour

Le morcellement des terres seigneuriales va donner une grande variété de pigeonniers par leur conception. Ils sont un livre précieux d'enseignements sur l'aspect social de l'époque. La taille du pigeonnier va dépendre de la taille du domaine, de la richesse, du prestige et de la position sociale du propriétaire. L'on compte en moyenne ½ hectare par nid. Un soin particulier est apporté à sa construction ou aucun détail n'est gratuit. Le pigeonnier doit être situé dans un endroit élevé et découvert, loin d'une pièce d'eau et à quelques mètres des habitations dans un site tranquille. Il est généralement un peu plus haut que les autres bâtiments. L'exposition au levant est la meilleure et le plan circulaire le plus utilisé pour les structures intérieures. C'est en effet, la forme la plus rationnelle pour une visite régulière des nids - boulins - grâce à l'échelle tournante avec un axe centrale, aussi appelée potence.

Pour la circulation, la protection et l'aération, le pigeonnier dispose de diverses ouvertures et de systèmes de défense. Les fenêtres ou lucarnes situées en hauteur permettent de laisser entrer les pigeons et la lumière. Des plages d'envol sont aménagées en saillies comme des sortes de balconnets avec des trous d'envol du côté opposé au vent et interdisant l'entrée aux plus gros oiseaux.
Les matériaux utilisés dépendent de la région et des moyens du propriétaire. On retrouve le plus souvent : la pierre de taille, la brique, les pans de bois et colombage et des couvertures en ardoises, tuiles, chaume.
La partie supérieure du toit est souvent décorée de faïences aux formes symboliques évoquant la fécondité de l'élevage. Pour les colombiers d'époque féodale une girouette surmonte le toit. Selon sa forme elle évoque le rang du seigneur : carrée en forme de bannière pour le seigneur banneret, en triangle pour un simple chevalier. Au XVIe siècle, on va voir disparaître les couvertures partielles au profit du lanterneau.
Les épis de faitage des pigeonniers de roture sont les vestiges d'un ancien art populaire ayant une symbolique. Ils sont en terre cuite parfois recouverte d'engobe vernissée ou d'un enduit de plomb. Leur aspect est souvent zoomorphe ou d'inspiration phallique pour la symbolique d'un antique culte agraire : la fécondité et la défense contre les mauvais génies.

 

Pigeonniers de Gironde