Une nouvelle vie pour Cyrano

 

Par Mariette Sintive Publié dansl'Echo du Mons Laurens n°81

Les liens entre les AVL et l'ACMAA (l'Association des Conservateurs des Musées d'Aquitaine), ont vu leur concrétisation en ce début d'année.
Une pièce de nos collections vient, en effet, d'être prêtée au musée Edmond Rostand à Cambo les Bains. L'ancienne demeure de l'auteur dramatique, de 1906 à 1918, la villa Arnaga, accueille ses souvenirs personnels, habits d'académicien, mobilier, dessins, peintures et portraits personnels.
Edmond Rostand (1968 – 1918), célèbre pour ses comédies, poèmes et ses drames héroïques et surtout reconnu pour la pièce qui a réhabilité le drame romantique en France, Cyrano de Bergerac, présentée pour la première fois en 1897.

Au sein du musée nous possédons un enregistrement original, le n°23, Cyrano de Bergerac, la scène du balcon, daté des années 1900, qui a trouvé sa place dans les expositions dédiées à Edmond Rostand, au sein du musée éponyme. Sa conservatrice a donc pris en charge cet objet unique qui trouvera tout son sens dans les collections proposées et peut être une deuxième jeunesse. Avec l'aide technique de l'INA (Institut National de l'Audiovisuel), Mme Labat, souhaite restaurer et numériser l'enregistrement si son état le permet. Il a en effet passablement souffert des mauvaises conditions de conservation tributaires des locaux des AVL.
L'enregistrement se présente sous la forme d'un cylindre de cire, d'environ 10 cm de haut sur 5 cm de diamètre, appelée cylindre artistique. Ce système était utilisé à la fin du XIX et au début du XX pour enregistrer des messages télégraphiques puis des monologues, des fanfares, des sketches de music-hall ou des représentations musicales.C'est en 1877, que Thomas Alva Edison invente le phonographe pour enregistrer automatiquement des messages télégraphiques. Il fait les premiers essais sur son appareil Tin Foil, arrivant à graver sa propre voix sur un cylindre recouvert d'une feuille d'étain. L'enregistrement se fait en profondeur ce qui nécessite une certaine épaisseur de matériau.

Tin Foil d'Edison, 1878

L'instrument se compose ainsi : un cylindre de laiton est parcouru par une rainure hélicoïdale, sur un axe horizontal à l'extrémité duquel est fixée une manivelle. La surface du cylindre est recouverte d'une feuille mince d'étain ou de cuivre qui est en contact avec une petite aiguille d'acier placée au centre d'un diaphragme métallique relié à l'embouchure. Un mot prononcé dans l'embouchure fait vibrer le diaphragme, donc l'aiguille, qui va alors graver des dentelures sur la feuille recouvrant le cylindre. Pour écouter l'enregistrement, on adapte à l'embouchure un pavillon de carton pour amplifier le son. En ramenant le cylindre à son point de départ et en tournant la manivelle on redit mécaniquement les paroles grâce à la pointe d'acier qui repasse sur les dentelures.

Graphophone, 1897

Avec ce système, la reproduction sonore est très mauvaise et la durée des enregistrements n'excède pas une minute. Vers 1885, Alexandre Graham Bell, l'inventeur du téléphone, améliore la technique en préférant des cylindres de cire au laiton ou cuivre, et brevète le graphophone (ou gramophone en français). Le principe est exactement le même que sur la machine d'Edison : la mémoire du son se grave à l'aide d'un stylet qui creuse des sillons sur un cylindre de cire à partir des modulations de la voix. L'enregistrement est ensuite restitué depuis le cylindre de cire durcie et d'une pointe mousse qui se substitut au stylet.

Malgré l'apparition des disques plats dès 1887, l'utilisation des cylindres de cire se poursuit, et, dès 1908, on voit apparaître les cylindres d'audition de longue durée (4 minutes au lieu de 2). Pourtant, devant les avantages du disque plat, tant par la durée d'enregistrement que par la qualité, le cylindre artistique va peu à peu disparaître.

 

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