Robert Caumont, artiste lormontais

 

Par Mariette Sintive

Publié dansl'Echos du Mons Laurens n°79

"Robert Caumont, fils d'Alfred Caumont, officier des douanes et de Marguerite Seguin, naquit le 2 janvier 1881 à Bordeaux, dans le quartier des Chartrons.
Le jeune homme, après avoir passé les premières années de sa jeunesse à Bordeaux, fut envoyé à Saintes auprès de son aïeul. Il a lui même évoqué « ces années où son intelligence s'exile dans l'austère maison charentaise ». Un changement dans la carrière de son père allait lui faire quitter Saintes. Muté au Pays basque, Alfred Caumont amena sa famille vivre à Ciboure près de Saint-Jean de Luz.

Robert entra au collège où il ne put s'habituer au régime de l'internat à cause de sa santé fragile. Ses parents choisirent alors pour lui comme précepteur, un prêtre, l'abbé Etchevery, dont l'intelligence et les méthodes de travail ouvrirent l'esprit du jeune homme. Le dessin l'intéressait et il y montra une certaine habileté que son père loua bien qu'il dût penser que « ces choses là » ne mèneraient pas très loin.

Pendant ces années à Ciboure, Robert Caumont rencontra le peintre basque Gustave Colin, qui l'initia à la culture et lui enseigna les rudiments du dessin et une certaine vision de la peinture. Pour Robert désormais, le dessin devait être le reflet de la vie. Il avait un tempérament de journaliste, regardant avec envie le « monde illustre » et rêvait de faire ce métier de dessinateur reporter.
De retour à Bordeaux avec sa famille, la guerre de 1914 éclata. Son mauvais état de santé l'empêcha de partir au front et il fut rattaché à l'hôpital 219 de la caserne Faucher à Bordeaux. Dessinateur infatigable, il observa les approches du conflit dont témoignent les nombreux croquis réalisés devant l'agence Havas, laquelle recevait les dépêches des Armées, et lors des séances du Journal des Débats dirigé par M. de Malèche en juillet 1914.

A la caserne Faucher, les blessés de tous les peuples en guerre au côté de la France se confondaient. Robert Caumont a su saisir avec talent et émotion les expressions de tristesse et de douleur des Indochinois, Sénégalais, Arabes qui devaient rêver de leurs terres bien lointaines.
A la fin de la guerre, la vie allait reprendre pour Robert dans la belle ville de Bordeaux. Il retrouva d'anciens amis, dont le plus cher, Daniel Collasson. Ce fut l'imprimeur Wetterwald qui les avait présentés, alors que Robert, âgé de 22 ans, cherchait à apprendre la gravure. Collasson était la personne idéale. Doué, il travaillait pourtant à la réalisation d'étiquettes pour les bouteilles de Bordeaux, les biscuits ou les rhums. Ils devinrent rapidement amis. Entre les deux hommes ce fut une communion d'idées qui se traduisit par une correspondance abondante lorsque les Collasson s'éloignèrent de la ville.

En effet, parti pour la campagne, Daniel, lors d'une promenade à Cambes, remarqua une belle maison à vendre, « l'Ermitage », où il décida de s'installer. Il y vécut jusqu'en octobre 1943, date à laquelle il décéda, laissant sa femme seule en cette maison désolée. Peu de temps après, le 4 novembre 1943, la mère de Robert Caumont mourait à son tour. Robert se rendit alors à Cambes autant qu'il le pouvait, partageant avec Madeleine Collasson le souvenir des morts, des années de jeunesse et de la grande amitié de jadis. Ils choisirent d'unir leurs solitudes et se marièrent en avril 1945. L'appartement que Robert possédait à Bordeaux était menacé, l'administration jugeant qu'il n'était plus assez occupé. Aussi, les nouveaux mariés s'installèrent définitivement à l'Ermitage au cours de l'année 1946.

Quelques temps avant sa mort, Robert Caumont émit un souhait : celui d'être enterré à Lormont auprès de ses parents et grands-parents. « Pour se rendre au cimetière de Lormont, il faudra emprunter le chemin qui passe par les bois et non sur les quais qui sont horribles. Je veux aussi que mon cercueil soit porté sur les épaules de quatre hommes jusqu'à l'église, comme on fit pour Collasson et pour ma femme. »


Source : Robert Caumont 1881-1966 Dessins, gravures, peintures, par Marcel Nattes, 1976, Archives municipales, Bordeaux

Certaines de ses œuvres sont exposées au Musée de Lormont.

 

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